Dans le sillage des préparations pour la COP21 à Paris, le Forum dénonce les « fausses solutions » au changement climatique et appel plutôt les gouvernements à mettre en œuvre les Directives internationales visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale. Les peuples de pêcheurs artisanaux à travers le monde fournissent les solutions socialement et écologiquement justes.
Il y a 18 ans jour pour jour, le Forum mondial des peuples pêcheurs (WFFP) était fondé par un certain nombre d’organisations de pêcheurs artisanaux des pays du Sud. Le Forum a été créé en réponse à la pression croissante mise sur les pêcheurs artisanaux par l’assaut de la mondialisation néolibérale. Le WFFP a été formé pour défendre les droits des pêcheurs artisanaux ainsi qu’un monde où les besoins des personnes et de la planète viennent avant ceux du profit.
Toutes ces années plus tard, ce combat est plus pertinent que jamais. Dans le contexte de l’accélération du changement climatique et de la destruction des écosystèmes marins, les pêcheurs artisanaux sont confrontés à la menace de la privatisation de leurs espaces coutumiers de pêche et de vie en cours au profit d’intérêts puissants, souvent sous le couvert de conservation. Ces soi-disant initiatives de conservation soutenues par des multinationales, des fondations philanthropiques et des ONG environnementales, entraînent au nom de la « durabilité » la privatisation et marchandisation à des fins de non–pêche de larges espaces collectifs de terres et d’eau.
Les fausses solutions de la COP 21 mènent à l’accaparement des mers
« Le Carbone Bleu » est l’une des dernières variations en date de ce type d’initiatives de conservation. Ce nouveau mécanisme doit être considéré comme faisant parti de l’ensemble de fausses solutions qui reposent sur la privatisation, la marchandisation et « l’économie verte », comme nous l’avons vu en particulier depuis Rio+20. L’idée que nous avons besoin de « vendre la nature afin de la sauver » a été mise de l’avant à Rio, faisant valoir que la nature ne pourra être pleinement appréciée et protégée que si nous lui mettons une valeur économique.
Similairement au mécanisme REDD+ pour les forêts, les projets de carbone bleu visent à créer un marché de crédits de carbone pour les « services » de stockage de carbone fournis par les zones humides.
Les projets de carbone bleu visent donc à réduire des zones humides au rang d’outil pour capturer et stocker le carbone, quel que soit leur précédente utilisation – par exemple, en comme zones de pêche. Le Carbone Bleu pourrait ainsi avoir les mêmes effets dans les zones humides que REDD+ a eu dans les zones forestières, à savoir l’expulsion des communautés, la réduction des droits d’accès coutumier ou communautaires, le déplacement du travail de la communauté hors de la pêche et vers la séquestration du carbone. En bref, l’accaparement des mers.
La rhétorique « stratégiquement bégnine »
D’autres programmes de privatisation et marchandisation tels que le récemment aboli Partenariat mondial pour les océans, le « 50in10 » et l’Initiative sur la pêche côtière, sont de plus en plus voilés dans une rhétorique de « moyens de subsistance durables», « d’autonomisation des communautés » et de « réduction de la pauvreté ». La dernière des tendances pour les groupes derrière ces programmes est de revendiquer également une participation dans la mise en œuvre des instruments des Nations Unies tels que les Directives internationales visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale. Selon Naseegh Jaffer, le Secrétaire général du WFFP, il faut tirer la sonnette d’alarme devrait sonner lorsque de telles affirmations sont faites.
“Nous assistons à un changement alarmant dans la rhétorique. Ce sont toujours les mêmes institutions derrière, et la plupart d’entre elles avec d’étroits intérêts à but lucratif, mais elles semblent maintenant parler notre langue. Malheureusement, certains ont tendance à les croire – pas nous.”
Le Forum a joué un rôle clé dans le développement des Directives internationales avec la l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies pour l’Alimentation (FAO) et est profondément engagé à veiller à ce qu’elles soient également mises en œuvre. Le WFFP continuera donc à travailler en étroite collaboration avec la FAO.
Les petits producteurs possèdent les véritables solutions
Nous, les pêcheurs artisanaux, possédons, avec les autres petits producteurs alimentaires, les solutions et visions socialement et écologiquement juste au changement climatique. Les pêcheurs artisanaux utilisent des méthodes non-industrialisés (engins dormants ou pêche tirée manuellement), qui ont un impact minimal sur les écosystèmes et une faible empreinte carbone. En plus d’être écologiquement juste, les pêcheries artisanales fournissent également un moyen de subsistance pour 90% du demi-milliard de personnes impliquées dans les pêches de capture – dont la moitié sont des femmes.
Selon Nadine Nembhard, co-coordinatrice du Forum, la véritable solution pour lutter contre le changement climatique existe déjà :
“Avec la mise en œuvre des Directives sur la pêche artisanale des Nations Unies, non seulement nous réalisons nos droits humains, mais nous contribuons aussi à refroidir la planète.”
Aujourd’hui, nous descendons dans les rues à travers la planète avec nos alliés et amis afin de célébrer la Journée mondiale des pêches. En ce jour, nous dénonçons les fausses solutions qui mènent à l’accaparement des mers et sapent notre lute pour réaliser les Directives sur la pêche artisanale.
Meravenir est solidaire des actions menées par WFFP tenais moi informé de vos actions
Nous devons resister et être vigilant contre les accaparements de non droit qui ne servent pas le bien commun de l’humanité