L’agroécologie et la Souveraineté Alimentaire dans de Pêche Artisanale

En 2007, le Forum Mondial des Populations de Pêcheurs (WFFP) a participé au Forum de Nyéléni pour la souveraineté alimentaire, au Mali. Il s’agit de la première réunion mondiale où les dirigeants du WFFP ont abordé la question de la souveraineté alimentaire et de la pêche artisanale avec des mouvements sociaux alliés, représentant les pauvres urbains, les femmes, les peuples autochtones, les paysans, les pasteurs et d’autres secteurs. La réunion a donné jour à un nouvel élan pour les communautés de pêcheurs en vue de développer des réseaux de solidarité et faire progresser leurs luttes pour la dignité et l’équité, sur la base de la souveraineté alimentaire.

Quelques années plus tard – lors de la 6ème Assemblée générale au Cap en 2014 – le WFFP a pris la décision stratégique d’intensifier l’accent mis sur la souveraineté alimentaire en faisant campagne activement pour sa réalisation et en renforçant les alliances avec d’autres mouvements sociaux et organisations alliées. Au cours des deux années suivantes, les dirigeants du WFFP ont participé à une série de réunions internationales sur la souveraineté alimentaire et l’agroécologie à travers le monde, y compris au Forum International sur l’Agroécologie Nyéléni, au Mali, en 2015, aux conférences sur l’agroécologie de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2015 et 2016, à la 21ème Conférence des Parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Paris en 2015, pour n’en citer que quelques-unes.

L’importance de la souveraineté alimentaire – comme moyen, objectif et mouvement mondial – est depuis longtemps reconnue par les dirigeants du WFFP : la souveraineté alimentaire est un programme politique pour les petits producteurs alimentaires pour la défense de nos rivières, de nos lacs, de nos océans et de nos terres. C’est une réponse à l’ingérence des sociétés multinationales dans notre système alimentaire qui, dans le contexte de la pêche, cherchent à privatiser et à concentrer les droits de pêche aux mains d’un petit nombre. Pour toutes ces raisons, le WFFP a décidé de créer un groupe de travail chargé de sensibiliser les communautés de pêcheurs de l’ensemble de nos organisations membres à la problématique de la souveraineté alimentaire. C’est l’objet même du présent rapport : promouvoir l’étude et le débat autour de la souveraineté alimentaire chez les jeunes, les femmes et les hommes dans tous les secteurs du WFFP.

Le rapport est le résultat d’un travail approfondi au cours duquel les dirigeants du WFFP ont contribué à définir la notion de souveraineté alimentaire sous l’angle de la pêche artisanale. La souveraineté alimentaire, dans son essence, n’a rien de nouveau pour les communautés de pêcheurs. Il s’agit simplement d’un nouveau langage permettant de décrire ce qui constitue déjà le noyau et l’âme de la défense de nos territoires, de notre patrimoine et de nos capacités à produire de la nourriture saine, de qualité et en abondance. La souveraineté alimentaire est au cœur de notre lutte contre le néo-libéralisme et le capitalisme mondial. Elle fournit un cadre pour le partage des connaissances et de la sagesse autochtones, traditionnelles et nouvelles, entre communautés de pêcheurs au sein de l’ensemble du secteur du WFFP.

Le rapport a été rédigé par le groupe de travail du WFFP sur la souveraineté alimentaire et l’agroécologie, en collaboration avec le Kesatuan Nelayan Tradisional Indonesia (KNTI, membre indonésien du WFFP), Why Hunger, Transnational Institute (TNI), et le Secrétariat international du WFFP. Son contenu a été discuté et approuvé lors de la Rencontre du WFFP sur la souveraineté alimentaire, organisée par le KNTI en novembre 2016.

Naseegh Jaffer, Secrétaire Général du Forum Mondial des Populations de Pêcheurs